Jupes à combat – janvier 2020

Avec Clémentine L’Héryennat

En quatre jours et en étroite collaboration avec l’atelier couture du squat du 4 bis avenue de la Révolution*, nous avons dessiné des motifs, imprimé en utilisant le procédé de la sérigraphie, cousu, mis en scène, photographié et filmé 7 jupes à combat. 

Ces jupes sont cousues selon les patrons traditionnels des jupes de samouraï. La composition des motifs a été conçue en duo, en trio et en solo, en suivant l’un des trois axes suivants : le motif des wax, les verdures ornementales des tapisseries bourguignonnes du quinzième siècle, les figures totémiques des tapisseries du royaume d’Abomey. 

On appelle ces jupes des jupes à combat, car ce sont des jupes destinées à être en activité de vie de femme. De vie à combattre les normes, corsets et autres prisons, donc. 

La musique a tenu un rôle central durant la semaine. Pour faire le lien entre le corps des étudiant-e-s, pour canaliser et gonfler l’énergie des groupes, pour squatter le squat sans être touriste de passage et incongru-e. 

Pratiquement, il s’agissait de travailler l’idée de thème et variation, de rythme. Théoriquement, nous avons posé des jalons pour penser l’articulation entre acte de création et acte d’interprétation. Pour considérer la portée fédératrice de la transversalité de notions artistiques _rythme, geste et mouvements, ornements_ fédératrices et gages d’inclusion. 

*Squat d’accueil aux exilé-e-s ouvert dans le centre de Limoges en Mai 2019. 

On refait ton clip Janvier 21

Avec Clémentine L’héryennat

  La création comme érection La création comme ouverture

Édition, Vidéo, Peinture, Performance, Costumes

Contenu : 

À partir d’une généalogie de 7 séquences d’extraits de films et de clips constituée autour du concept de corps en régime ébrieux, – corps ivre, corps en transe, corps malade- , l’objectif de ce workshop est de produire une série de vidéos-reprises, et, en parallèle, de produire deux éditions qui transposent ces reprises filmées :

  •  par le biais de l’écriture enfantine (des comptines) illustrée 
  • Par la conception d’un manuel qui raconte en texte et en image les réflexions et  actions de la semaine.

L’enjeu de ce workshop est d’amener les étudiant·e·s à explorer par mimesis[1] une généalogie d’œuvres chantées et performées loin des cadres de l’art contemporain, en apparence. Sept séquences qui, dans leur diversité, manifestent au sein d’une collectivité, d’un collectif-refuge le plus souvent, une force issue d’un état du corps en régime ébrieux, c’est à dire d’un corps qui manifeste dans le moindre de ses gestes l’entièreté de son corps en tant qu’il est ici et maintenant, quel que soit l’état dégradé ( et vulnérabilisé) dans lequel il se trouve. 

L’étudiant·e devra pouvoir tirer de ce workshop des lunettes pour aborder ses propres gestes de créatrice/teur en tant qu’émanation, ou transposition, d’œuvres ou non cataloguées en tant que telles, existantes. Notre visée pédagogique est que ces lunettes puissent améliorer l’expression des étudiant·e·s, tant dans le domaine plastique que dans celui de sa pensée, et l’ouverture de son champ d’action et de réflexion dans le domaine de ses études.

Techniques envisagées : 

Prise de vue et montage vidéo, linogravure et xilographie, écriture, peinture acrylique,  Couture, mise en page 

Les  séquences : 

  • Shimmy shimmy ya, Ol’ Dirty Bastard, CLIP 
  • Drunken Master,  FILM (trailer)
  • Ma benz,  NTM/ Joey Star. CLIP
  • Lady Marlène, Balavoine, , captation télévisée
  • Shalak shalakDevdas, extrait du FILM
  • Final, Zaitochi, FILM
  •  Aarivan, aarivan, Baahubali, extrait, Film

Présentation des séquences sur la chaîne YOUTUBE 
https://www.youtube.com/channel/UCjnom0KvXuicUO0bXO_we1w


[1] imitation

GRADUS AD INFERMUM- Novembre 21

À LA BASE DU WORKSHOP

Nous avons réalisé un exercice  de dessin, de peinture et de collage inspiré des règles que je suis actuellement pour réaliser une série de dessins destinée à un livre de chansons.

Ces règles ont été élaborées en fonction d’un corps dont les facultés motrices et visuelles ne sont pas pleinement efficientes. Ces règles me permettent en outres de mettre en exergue les effets que les chansons et les récits qu’elles convoquent peuvent avoir sur moi. Enfin, elles me donnent les moyens de manifester le lien puissant que j’entretiens avec un grand nombre de productions orales, au style et à la provenance disparates.

Les consignes de travail étaient relativement simples et rigides, voire élémentaires. [1]

DÉROULEMENT DU WORKSHOP

La phase liminaire du workhshop s’est échafaudée à partir de mes réflexions autour du Récit de soi de  J. Butler[2]. Afin de me mettre à la rencontre et en état de disposition auprès des étudiants, et eux après de moi, une playlist de cinq chansons a été validée par tous à l’issu de la première journée, dans une  inattention participative , ni trop ni trop peu engagés émotionnellement dans le choix de la chanson. Linattention participative, concept-clé du théoricien de la performance R.Schechner pour définir une performance collective permet de fédérer un collectif dans un projet lié à la création sans violence[3]. Cette playlist a été écoutée en boucle durant la réalisation des dessins, offrant ou imposant aux étudiants des repères répétitifs, mi-choisis, mi-imposés, différents des bornes habituelles qu’ils utilisaient pour rythmer la réalisation de leurs travaux.

J’ai exposé les consignes, et elles ont été appliquées par les étudiants durant un jour et demi.  Ont été produits quatorze dessins par étudiant. Cet exercice détournait l’étudiant de  toute idée de réussite, de jugement ou de normativité bien qu’il soit très cadré et déterminé.  

Une fois les dessins réalisés, et sans me référer à leur réalisation, j’ai  aborder la question du récit de soi et de la confiance que chaque étudiant a en lui-même. En quoi valorise-t-elle ou au contraire porte-t-elle préjudice aux travaux des étudiants et à leur monstration ? Comment élaborer un discours critique détaché du faire, de ses émotions et de sa trame noueuse, tout en en rendant compte ?

L’avant dernière étape du workshop consistait à s’enregistrer parler d’un autre qu’on aimait et qui était présent dans la plupart de nos actes de création, par des références visuels, ou par les souvenirs d’expériences et de récits communs. Parler de l’autre et s’enregistrer parler de l’autre est peut-être un moyen sécurisant et juste, pour des étudiants divers, de parler de soi, et de son rapport à l’acte de créer, envisager en majorité comme un acte de plaisir destiné à l’en dehors de soi.

Enfin, nous avons créer à partir de nos témoignages et de la playlist de chansons écoutées durant la semaine, une bande-son accompagnatrice de l’accrochage de nos dessins en galerie une et deux de l’ENSA au dernier jour du workshop.

OBJECTIFS DU WORKSHOP

            J’espère qu’émerge de la suite de dessins accrochés en une seule ligne horizontale des traits de forces  dans chacune des séries des étudiants. Une attention visuelle et auditive portée les uns aux autres sera sollicitée dans cet accrochage sur une seul front  et dans le montage sonore de voix  nues. L’accrochage collectif en école d’art m’a toujours parue être un exercice inconfortable dans la mesure où ils enjoignaient la comparaison, et, si ce n’est la compétitivité, du moins la performance ( au sens sportif du terme). C’est pour déjouer ces mécanismes que je propose un accrochage accompagné de nos voix et de chansons mainstream et/ou familières.

On a tôt fait de caractériser les vertus des chansons populaires par leurs qualités euphorisantes ou consolatrices. Mais au-delà d’une inclinaison à sublimer nos affects, les chansons populaires dont on comprend plus ou moins le sens ne pourraient-elles pas  être une pièce essentielle du puzzle  toujours déjà infini qu’est une création, entendue comme confrontation à un désir d’expression qui échappe au langage ?

De surcroît une clé d’entrée à ce workshop pourrait-être les vertus pédagogiques d’une vulnérabilité du corps de l’enseignant. En effet, si l’enseignant met à jour sa vulnérabilité comme un territoire à découvert et d’échange, l’étudiant peut déployer une corde à son arc qu’il n’aura acquis ni par un privilège de classe, ni par une origine géographique. L’enseignant-artiste peut être sensible aux signes, à l’écoutes de l’étudiant, dans la mesure où les manifestations de l’étudiant pourront témoigner d’une éthique construite ou en devenir, qui peut être, pour un enseignant-artiste, une qualité nécessaire.

Techniques/étapesDe l’enfance(livres illustrées)De la peinture d’histoire (de Greco à Klee)Récit de soi et chansonFigurine de speaker
Crayons à papier    
Broux de  noix    
Crayons de couleur    
Acrylique blanche    
Découpage et feutrine    X
     
     

[1] Cf. tableau

[2] Butler J., Le Récit de Soi, PUF, 2007, Paris

[3] Schechner R., La performance, éditions théâtrales, 2008, Paris

Mais si on danse? Janvier 2022

Avec Michael Nana et la participation de Felix Jutteau

Du lundi 31 janvier au vendredi 4 février 2022, Michael Nana interviendra auprès d’une vingtaine d’étudiants de l’ENSA. Son approche pédagogique s’articule autour des acquis d’un premier semestre au CNDC d’Angers et à sa réflexivité de danseur burkinabé à la carrière internationale.  La base chorégraphique de son intervention s’appuiera sur une trame littéraire et vidéo donnant à voir deux époques différentes de la vie hippique et plus particulièrement le traitement des corps entravés (humains et chevaux) en Martinique.

Les cours de danse auront lieu dans une vaste salle dédiée habituellement au design de l’ENSA, à raison de quatre ou cinq heures par jour.

En parallèle de cet atelier de danse, un travail scénographique sera effectué afin de préparer l’espace pour le rendu d’expérience, et les modalités d’enregistrement vidéo.

Les connaissances acquises en vue de l’enseignement que je dispenserai aux L3 APAS autour de la sociologie du handicap à partir de février 2022 me poussent à imaginer un pont entre les étudiants de l’ENSA et les étudiants en STAPS pour éprouver l’épreuve du handicap dans un cadre dédié à la pratique artistique  sous deux angles : 

  •  Théorique, en évaluant la teneur multidisciplinaire et heuristique du concept de handicap par l’observation de ma recherche et sa mise en œuvre.
  •  Pratique : en se mettant à la place d’un corps soumis au déséquilibre et à la teneur hégémonique du Visio-centrisme sur les arts en particulier. Le pari est que les étudiants expérimentent la dynamique bondissante d’un corps en situation de handicap mis en scène et/ou vécu dans un lieu-refuge, une arène institutionnalisée où le corps a toute latitude pour se réinventer et s’explorer.

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