PANTOUM
Ia orana
J’ai attendu que la mer vienne jusqu’à chez moi
J’ai attendu quatorze ans, comptant les pierres
Sur le rivage, les bernards l’hermites et les oies
Sur mon lit bleu, plein de fritons et de poussière
J’ai attendu quatorze ans, comptant les pierres
Rien ne venait rien n’est venu c’était ma croix
Sur mon lit bleu, plein de fritons et de poussière
Le silence est porté par dix chiens qui aboient
Rien ne venait rien n’est venu c’était ma croix
J’ai ouvert grand mon lit, ouvert ma moustiquaire
Le silence est porté par dix chiens qui aboient
Il entre je l’embrasse, et les chiens vont se taire
J’ai ouvert grand mon lit, ouvert ma moustiquaire
Au silence malade la mer ne venait pas
Il entre je l’embrasse, et les chiens vont se taire
La marée disparaît, il n’y a plus d’effroi
A table (les cochons)
La sauce est prête, le riz est cuit
Rognons d’ampoule Saint Rémi d’Acques
Pour commencer huîtres et Saint-Jacques
Cochons d’amande sauce au curry.
Rognons d’ampoule Saint Rémi d’Acques
J’ai oublié combien de riz
Cochon d’amande sauce au curry
Grillées au soir vendues au sac
J’ai oublié combien de riz
C’est tout pesé noisette en vrac
Grillées au soir vendues au sac
L’enfer est grand un diable rit
C’est tout pesé noisette en sac
J’y ai bien cru mais c’est fini
L’enfer est grand un diable rit
L’oie ratatouille et l’eau Cognac
Chéreau Racine
Janinonpucelloise où cours tu Ramirez
Ouvre toi Déjanire Cataracte aux poignets.
De derrière à partir à devant les côtés
Et tombée retombée culbutée sur la braise
Ouvre toi Déjanire Cataracte aux poignets
Sa vertu à mon cul son panier à mon aise,
Et tombée retombée culbutée sur la braise
J’aurais cru le cocu s’il ou celle dératée.
Sa vertu à mon cul son panier à mon aise,
Abandonne aux flonflons les poils verts torsadés.
J’aurais cru le cocu s’il ou celle dératée
La vergeoise à mes trousses, la vanille et la fraise
Abandonne aux flonflons les poils verts torsadés
Un à un déroulés dans la bière doigts de glaise
La vergeoise à mes trousses, la vanille et la fraise
On a faim, on se baise, on dort recroquevillés.
Mamie Molière
Emmaillotés de crêpes noires
Mon chien est mort, le chat itou
Le petit chat mort l’autre soir
Ces poils drus, grisâtres et roux
Mon chien est mort, le chat itou
Orange sanguine et blanc d’ivoire
Ces poils drus, grisâtres et roux
Vieux poils au cul de lions de foire
Orange sanguine et blanc d’ivoire
Je pleure mes animaux jaloux
Vieux poils au cul de lions de foire
Mes bras sont vides, mes mains mes joues
Je pleure mes animaux jaloux
Aux crocs gentils pleins de mâchoires
Mes bras sont vides, mes mains mes joues
Ma cigarette fait l’encensoir
H
Le matin est levé, le froid tape, trapu
Jusqu’à ton oreiller tombé derrière le lit
Les fenêtres respirent au souffle de la rue
Les infos lancinantes ont déguerpi la nuit
Jusqu’à ton oreiller tombé derrière le lit
Les enfants de l’école se sont vidées d’aigu
Les infos lancinantes ont déguerpi la nuit
Tes oreilles aplaties, sur le drap étendues
Les enfants de l’école se sont vidées d’aigu
Ils sont rentrées en classe ont harnaché leurs cris
Tes oreilles aplaties, sur le drap étendues
Retournent à leur corolle, aux pensées envahies.
Ils sont rentrées en classe ont harnaché leurs cris
Les crochets des corbeaux agrippent les branches nues
Retournent à leur corolle, aux pensées envahies
Au dessus des feuilles mortes et des fleurs disparues.
Lasciate ogne speranza.
Deux couloirs un étage à pousser ce chariot
Pleins de lait de gâteaux, de deux thermos pleins
Pour les chambres Alzheimer il y a dix plateaux
C’est les aides soignantes qui siffleront le vin
Pleins de lait de gâteaux, de deux thermos pleins
Sur ce chariot maudit qui pèse deux cents kilos
C’est les aides soignantes qui siffleront le vin
Et c’est moi qui prendrai, la cuisine a bon dos
Sur ce chariot maudit qui pèse deux cents kilos
Il n’y a rien à faire, qu’à attendre sa fin
Et c’est moi qui prendrai, la cuisine a bon dos
Le chariot m’écrasera, tout le monde le craint
Il n’y a rien à faire, qu’à attendre sa fin
Le médecin m’a prescrit d’aller en balnéo
Le chariot m’écrasera, tout le monde le craint
Et les directeurs passent, invisibles et idiots
CEFISSE-BENAJA
Douze animaux noires disposés sur trois pagnes
Siglés du symbole d’une école ouagalaise
Une oreille barrée, le feu d’une montagne
École de deux milles âmes et de quarante chaises
Siglés du symbole d’une école ouagalaise
Une jeune élève sourde rentre dans sa campagne
École de deux milles âmes et de quarante chaises
C’est la fête des femmes ces amis l’accompagnent
Une jeune élève sourde rentre dans sa campagne
On l’appelle la promise comme dans la genèse
C’est la fête des femmes ces amis l’accompagnent
Elle rentre se marier couler ces yeux de braises
On l’appelle la promise comme dans la genèse
Je voudrais ne pas voir ce monde comme un bagne
Elle rentre se marier couler ces yeux de braises
Les marteaux marieurs en tapant la rejoignent
XIV
En te portant mon petit dans mon ventre
J’étais si bien si tranquille et paisible
Qu’un an après je voulais que tu rentres
Dans ce coins sombre si loin de tout terrible
J’étais si bien si tranquille et paisible
D’ou venait ça, cet apaisement magique
Dans ce coins sombre, si loin de tout terrible
Ce gros fauteuil de liquide amniotique
D’ou venait ca, cet apaisement magique
Si vite disparu, à l’orée de mes lèvres
Ce gros fauteuil de liquide amniotique
Tout juste dégonflé pour l’année de la chèvre
Si vite disparu, à l’orée de mes lèvres
Et au dehors Bonjour, te voici en misère
Tout juste dégonflé pour l’année de la chèvre
que je dois sans souffler m’occuper d’être mère.
XV
Combien devrais je pondre, et reboire refumer
Pour me lester la paix me recaler un rythme
Pour ne plus rien attendre de toute une société
Et cesser de tailler les jours comme des cimes?
Pour me lester la paix me recaler un rythme
Je dois tuer dans l’ordre la poule, moi et l’agneau
Et cesser de tailler les jours comme des cimes
Ne plus jamais reprendre par les pointes un couteau
Je dois tuer dans l’ordre la poule, moi et l’agneau
Du sang de la fumée, du foutre et de l’oseille
Ne plus jamais reprendre par les pointes un couteau
Le paradis s’enferme et Saint Pierre je le paye.
Du sang de la fumée, du foutre et de l’oseille
En aval, en carafe, ce qui compte c’est de boire
Le paradis s’enferme et Saint Pierre je le paye
Quelque chose s’est ouvert dans le glagla du soir.
XX Montage 1
Des frissons des hoquets de la patine aigue
Svinkels Mozart Iam Soolking Fisher-Diskau
Font l’amour tous ensemble des feuilles autour du cul
En suivant mes descentes et mes coups de ciseau
Svinkels Mozart Iam Soolking Fisher-Diskau
Quelques autres invités, cités pour l’Ouverture
En suivant mes descentes et mes coups de ciseau
Ils sont tous des bons gars au style et à l’allure
Quelques autres invités, cités pour l’Ouverture
J’allège au maximum, ils ne vont pas se plaindre
Ils sont tous des bons gars au style et à l’allure
Je les monte en totem, ils n’auront rien à craindre
J’allège au maximum, ils ne vont pas se plaindre
J’ai besoin des caresses telles qu’ils les ont conçus
Je les monte en totem, ils n’auront rien à craindre
Du chemin que je prends qui les mène au salut.
XXII Montage 2
La dernière master class d’un grand maître du chant
Un fou sans âge la nuit dans le train en hivers
Au rapide crépuscule une voix de sept ans
Leurs jambes et mon oreille pour parler de la terre
Un fou sans âge la nuit dans le train en hivers
J’ai saisi quelque chose de magique un instant
Leurs jambes et mon oreille pour parler de la terre
Mon poids et leur échine pour saccager le temps
J’ai saisi quelque chose de magique un instant
Mais le culte est à faire par la composition
Mon poids et leur échine pour saccager le temps
Ecrire en mutilant par superposition
Mais le culte est à faire par la composition
Bourdieu Mona Cholet mes stages de basket
Ecrire en mutilant par superposition
En hommage aux horreurs vécues sous la tempête
XXIII
Toi tu tapes moi je roule de chouette à compliqué
Les mains sur les envoies la langue sur les reçus
L’amour est si lointain tes mots sont si calés
Je découvre la passion des narcisses poilus
Les mains sur les envois la langue sur les reçus
Et le looping ultime c’est que tu touches au but
Je découvre la passion des narcisses poilus
Et le looping ultime c’est que tu touches au but
J’attends comme un boxeur chez les télétubbies